(From Venus)

La ménagère du Sud-Ouest a failli dégainer son mobile pour appeler Maïté, tant le sujet lui a plu : puisque le Journal du Net a eu la bonne idée cette semaine de citer quelques initiatives relatives à des concepts proches ou dans le “local”, je me suis offerte un tout petit parcours autour d’autres sites ou concepts proches.

Avant de commencer, reprenons juste Sussexinthecity.com : son fondateur, Ducan Inns, s’est lancé dans l’aventure en créant son site, non sans avoir une certaine expérience dans la gestion des relations avec les fournisseurs puisque il a été gérant d’une chaîne de restaurants japonais ; au delà de pouvoir commander en ligne, vous faire livrer des produits issus de petits producteurs et fabriqués à moins de 100 km à la ronde, les habitants de Brighton peuvent aussi se rendre à la boutique de Ducan et retrouver leurs produits favoris, déguster du vin, et tout simplement passer un bon moment avec d’autres amateurs de bonne chaire. Côté pratique, sur le site, les photos et la mise en avant des produits sont à l’image de leur fabrication artisanale ; simples, épurées, ne laissant pas la place au superflu.

Les livraisons sont gratuites dans la proche banlieue de Brighton (mais a priori, toutes sont regroupées sur le mardi et le jeudi entre 19h et 21h, logistique oblige, on s’en doute) , et des tarifs progressifs sont ensuite appliqués, avec livraison possible dans le reste…du monde (peut-être pas le meilleur moyen de réduire le C02, mais les louanges des produits de son coin devraient-elles avoir des limites) ?

Le positionnement se veut être une sorte de rencontre entre boutique-comptoir-gourmet-local. Et pour faire en sorte que les étagères virtuelles présentées sur le Net par Ducan ne se contentent pas aussi d’être retrouvées en mortar dans sa boutique, le fourmillant entrepreneur organise des séminaires de dégustation pour des Entreprises, fait partie d’un réseau local actif de diverses associations : éthique local, business local, événementiel local. Certainement un début de mix produit-service ET événements …qui n’est pas sans rappeler que certaines ruptures de codes dans le commerce traditionnel peuvent aussi plaire au grand public. La logique de la proximité et le positionnement prix, rompant avec les modèles économiques de masse volume à marge faible.

Autre exemple, Poptotheshop, lancé en 2006 dans le sud du pays de Galles, veut fédérer les commerces locaux en leur permettant d’offrir aux internautes du coin un service de commande en ligne de leurs produits. Il n’y a pas de frais de livraison côté client mais le site se rémunère en facturant une commission de 10% à 15% aux commerçants… (est-ce tenable, me suis-je demandée, en fonction des types de commerces ?). La promesse client est ici fondée sur le gain de temps (nous passerions trop de temps dans les supermarchés), la redécouverte de produits sains et non transformés grâce aux artisans, avec un poil de morale (dans la forme) sur notre soutien du commerce local. La propagation géographique du concept est a priori prévue via un système d’administration de zones géographiques ; ces dernières devant bien sûr trouver un leader local qui se chargera du référencement des commerçants. Je n’ai pas pu trouver plus d’informations, mais un des challenges de ce type de service sera certainement de savoir s’appuyer en local et donc “dans la vraie vie”, des relais de communication et d’événements de proximité (une force commerciale ? des VRP ? des free-lance ? Modèle de rémunération ? Pas simple…Je vais suivre.)

Outre atlantique, Urban Rustic verse lui dans le “ils-le-font-eux-même-et-on-veut-que-ça-se-sache” ; il faut dire aussi que l’un des fondateurs de cette épicerie citoyenne, positionnant là encore le consommateur à la rencontre du producteur, est Aaron Woolf, un acteur engagé dans l’évolution de la politique agricole US (des informations sur le documentaire qu’il a produit et réalisé, King Corn, ici). Même concept de rassemblement de produits fabriqués cette fois dans un rayon approx. de 200 km à la ronde. La boutique promet de mettre en avant des légumes “frais sortis de la terre d’il y a 2 jours à peine” et d’encourager les producteurs utilisant des énergies propres (en l’occurrence, électricité de source éolienne). Les sandwiches, déjeuners et dîners sont confectionnés en fonction des arrivages de jour.

Sinon, plus proche de chez nous et du côté de Belfort, il y a eu aussi la ferme des Echancées (et Eric Walger, son propriétaire) et son excellent “contrat poule”. Pour 52 € et durant 10 mois, vous devenez l’heureux propriétaire d’une poule et serez livré toutes les semaines de 6 oeufs frais ! Et la formule doit avoir du succès puisque le site a été relooké! Vous pouvez, durant cette période, rendre visite à votre gallinacé et ainsi prendre connaissance de ses conditions d’élevage, son entourage, etc…(lire ici, via l’Alsace.fr). Et un vecteur de communication directe consommateur-éleveur : la boîte à oeufs, damned ! (où vous indiquez éventuellement si il vous faut 12 oeufs pour la prochaine fois, si vous vous absentez donc “pas d’oeufs”…Sinon il y a toujours le mail et le téléphone; mais la boîte, ça se recycle et c’est écolo ! C’était du moins ce qui était indiqué sur le site d’origine…!)

Au bout de cette période, libre à vous de reprendre possession de votre poule, en chair et en plume, ou bien prête pour passer à la cocotte.. Bien sûr, le champ de livraison reste limité au territoire de Belfort mais cette initiative illustre un poil (une plume ?) de plus une forme de réponse au besoin de renouer certains liens entre ce que nous mangeons et les origines. Discours Marketing très hype en ce moment.

Besoin réel ou imaginaire. Besoin de citadin ? Besoin d’amateurs d’oeufs ? Besoin de consommateurs en affinité sociale et/ou géographique avec ledit fermier (6 oeufs toutes les semaines, pas dit que chaque famille en consomme ?)

De là à dire que tout ce qui vient du coin est forcément plus sain et contrôlé que ce que j’achèterai au supermarché…le pas pourrait être (trop) vite franchi. Mais l’initiative et belle et mérite vraiment d’être non seulement tentée mais surtout soutenue.

Ce qui est probable, c’est qu’en rapprochant la ferme et ses acteurs de nos assiettes, le commerce pourra peut-être déplacer certaines frontières en apportant de nouvelles relations avec les consommateurs ; un peu plus dans le social ? L’environnemental ? La conscience citoyenne ? Au delà du modèle de consommation courante, apporter un peu plus d’humain et de proximité..? Saurions-nous encore reconnaître un oeuf industriel d’un “vrai” oeuf pure cocotte en liberté nourrie au bon grain (allez sur le site de la ferme de M. Walger, il vous l’explique)?

Sinon, et pour en revenir aux commerces locaux, je crois qu’un simple service de référencement de commerçants sur une plateforme web locale ne suffira sans doute pas à fédérer des internautes du coin; une animation et un liant local très fort resteront certainement des ingrédients indispensables à la crédibilité de ces nouveaux services, fondés sur la confiance et la proximité. Cela fait forcément appel à une logistique ad-hoc et un maillage territorial en conséquence.

Quant à nos amis de la ferme du coin, à quand la monétisation de services de ponte en supermarché ? (d’ailleurs, cela doit il se passer dans un super un hyper ou plus une boutique à la Ducan ?)

Le service de ponte sous “blister” au rayon frais ! Avec la photo de votre poule pondeuse . Le trombinoscope du poulailler du coin pour choisir votre prochain cochon à faire élever? Parrainer une dinde ?

Voire… la ménagère-de-moins-de-50-ans-du-Sud-Ouest ôte ses bigoudis tant la tête lui en tourne : à quand le futur Facebook de la basse-cour ? Vous imaginez, si le coq usurpait le titre de Président du Facebook poulailler ? Heureusement, cela n’arriverait jamais chez nous, les Hommes